Minuit à Paris chez Woody
Pétillant et frais comme un bon champagne. Voilà comment je définirais ce film qui est un petit bijou de cinéma. Il semble que Woody Allen se soit vraiment amusé et que le jeu se soit transmis au spectateur. Bien sûr, nous ne quittons jamais la planète allenienne que nous connaissons tous. Owen Wilson est un double rajeuni de Woody, et ses préoccupations dans la vie tournent toujours autour des mêmes thèmes : amour, sexe, soif d’évasion, de création, et mélancolie dans l’incapacité de se sentir en phase avec son présent. Parfois cela nous tape sur le système. On a envie de dire : been there, seen that. Mais ici quel renouvellement ! Quelle nouvelle jeunesse ! Owen Wilson et sa gueule cassée est parfait dans le rôle du héros allenien. Totalement attachant. Marion Cotillard est belle, d’accord, et charmante, et jolie… mais je la comparerais bien à Scarlett Johannson (et ce n’est pas un compliment désolée). Du genre, aussitôt vue, aussitôt oubliée. Fade à en bailler à en mourir. Avant on avait Diane Keaton et un caractère auquel se confronter. On a vaguement retrouvé ça avec Rebecca Hall dans Vicky Christina Barcelona (Penélope Cruz c’était encore autre chose : la femme du sud fantasmée par Woody en chaleur). Mais ici, avec Marion Cotillard, on a juste un objet de désir, de fascination sexuelle (et lointaine aussi). Et peut-être que les hommes s’en contentent, mais de mon côté je l’ai trouvée fade. Heureusement que la petite blonde met du piquant dans l’histoire. Oui, elle est insupportable, mais elle est drôle, et on ne peut pas en dire autant de MC.
Le personnage principal, inadapté, rêve au passé comme tout personnage mélancolique qui se respecte. Mais là, boum ! Coup de baguette magique de la caméra, le voilà physiquement projeté dans les années 20. Et qui rencontre les Fitzgerald, Hemingway, Gertrude Stein, Picasso (dont le tableau déplait pour le coup : « tu l’as peinte comme une prostituée alors que c’est une princesse ! Non sérieux Pablo tu déconnes, c’est même moyen moyen). Apparition christique pour Adrien Brody qui écrase tout dans le rôle de Dali obsédé par ses rhinocéros. Quelle bonne partie de plaisir ! Pour une fois, on sort d’un Woody Allen léger et gai comme un pinson (pardonnez l’expression). D’habitude, c’est plutôt genre perplexe-laisse-moi-réfléchir-ça-sent-pas-le-déjà-vu-de-masturbation-intellectuelle ? On a compris l’idée. Monsieur s’est ici renouvelé et a apporté une sacrée fraicheur (bien nécessaire) à son œuvre. Et c’est même pas con ! J’ai trouvé que la réflexion sur ce sentiment de mélancolique qui ne se sent pas à sa place dans son époque gagnait une véritable énergie. La fin et le retour au présent, Woody/Owen acceptant son époque et ses avantages/désavantages, amène un réel contentement. C’est bien mené, bien saucé et bien pimenté. J’ai oublié de faire mes reproches de jamais-contente ? Pas grave, cette fois-ci on s’en passera.