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The Triangle
2 juin 2011

L'étange histoire de Benjamin Button - David Fincher

benjamin button

 

Titre original : The Curious Case Of Benjamin Button (USA)

Réalisateur : David Fincher

Avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Taraji P. Henson, Tilda Swinton et beaucoup, beaucoup d'autres.

Sortie cinéma : 4 février 2009

 

C'est la Brad Pitt party en ce moment au Triangle... Deuxième film en peu de posts, bravo, bravo. J'ai donc enfin regardé le film donc tout le monde parlait il y a deux ans, à savoir L'étrange histoire de Benjamin Button, et qui avait si mes souvenirs sont bons laissé derrière lui des échos mitigés. Déjà commençons par parler de l'éléphant dans la pièce : la durée du film. 2h35, objectivement, c'est long, même pour un film qui se déroule sur une période de 80 ans. Et pourtant, je n'ai pas senti de longueurs, bien qu'il y ait un fort déséquilibre entre les deux parties du film : les premières années du personnage (sa vieillesse, donc), occupe bien plus de temps que les dernières années de son rajeunissement. Faut-il s'en plaindre où est-ce pour le mieux ? Je ne vois aucune scène de la première heure du film qui soit vraiment superflue (ce qui doit constituer une sorte d'exploit), alors on dira juste que Fincher a bien géré sa timeline, malgré l'aspect "enchaînement de scènes" de la dernière demi-heure.

L'histoire est adaptée d'une nouvelle (de 27 pages) de F. Scott Fitzgerald (l'auteur de Gatsby le magnifique, entre autres). C'est une de ces histoires qui reposent entièrement sur leur postulat de départ : voilà, c'est un type qui vit sa vit à l'envers. Une fois que c'est dit, on déroule le fil. A quoi va-t-il employer sa vie ? Comment va-t-il gérer sa relation avec son One True Love qui elle, effectue le chemin inverse ? C'est une narration qui, paradoxalement à son sujet, est très linéaire, et sans cesser d'être intéressante tombe par moment dans la platitude. Benjamin part à la guerre, Benjamin retrouve son père, Benjamin tombe amoureux... etc. Le personnage ne subit pas vraiment d'évolution au cours de sa vie : il est très vite conscient de ce qu'implique son état et l'accepte avec stoïcisme. Il s'adapte aux nouvelles possibilités que lui offrent son âge (le travail, l'amour, le voyage) mais ne change pas vraiment. De ce point de vue, le personnage de Daisy (Cate Blanchett) est plus intéressant car il subit de vrais changements émotionnels, et pas seulement à cause de l'accident de voiture qui termine sa carrière. (Cette scène de l'accident de voiture, d'ailleurs, est la seule que je n'ai pas aimé, pour cause de voix-off trop présente (ça vous rappelle quelqu'un ?), et de l'insistation beaucoup trop longue et pseudo-philosophico-larmoyante sur le rapport cause/conséquence). Les personnages secondaires sont également assez bien travaillés et c'est une vraie galerie de portraits que traverse Benjamin Button : la mère adoptive, achétype de la "Sassy Black Woman" mais avec une fibre maternelle, les habitants de la maison de retraite -Did I ever you I got struck by lighning seven times ?-, le capitaine, la riche anglaise exilée en Russie (j'ai d'ailleurs adoré le fait qu'enfin un réalisateur mette à profit la ressemblance entre Cate Winslet et Tilda Swinton)... Au fur et à mesure du film, le nombre de personnages s'amenuise et l'action se recentre sur la relation entre Benjamin et Daisy. On y perd de la fraîcheur, mais leur amour (la façon dont ils se croisent "au milieu") est suffisemment bien dit pour que le film ne soit pas lésé.

J'ai quand même une récrimination à faire à cette histoire : étant donné que Mr Button traverse les époques de 1918 aux années 2000, j'aurais aimé que la petite histoire s'implique un minimum dans la grande. Là, tout ce que fait le héros, c'est participer à la WWII et regarder les Beatles chanter Twist & Shout à la télé. Et ça me frustre. Enormément. Et ça me conforte aussi dans l'impression que le point faible de ce film est de trop se reposer sur son pitch de base.

A propos du récit-cadre, c'est-à-dire les parties "la mère mourrante fait lire à sa fille le journal de Benjamin dans un hôpital de Louisianne". Alors inclure l'ouragan Katrina, idée brillante où ajout pathos pour faire pleurer le public américain ? Personellement, j'ai aimé. Déjà parce que ça a fait écho à mon envie d'évènements historiques, mais aussi et surtout pour l'atmosphère de fin du monde que cela donnait à l'hôpital. Il y avait quelques chose de vraiment prenant, malgré les ralentissements forcéments occasionnés par les retours au présent (et le fait que la fille soit un peu longue à la détente pour comprendre l'identité de son père), à suivre les derniers instants et les derniers souvenirs de Daisy.

Quelques mots pour finir sur l'introduction du film (j'ai l'esprit de contradiction). L'horloge qui fonctionne à l'envers pour ramener les morts de la guerre, et qui influence mystérieusement la condition de Benjamin est une idée poétique, référée subtilement, et qu'on finit par oublier jusqu'à ce que Daisy en parle à nouveau. Mais l'ennui, c'est qu'à côté de cette horloge, de la souffrance et à l'origine de sa conception, la vie de Benjamin parait bien terne. Marquée par l'amour, certes, mais d'une façon qui aurait pu être bien plus puissante.

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Commentaires
M
C'est idiot, parce que j'ai pas envie de dire grand chose, et pourtant, après deux heures et demie à regarder cette super production pseudo-poétique et à écouter ma soeur ronfler en back ground, je devrais avoir quelques idées. Mais non. Pour le coup j'aurais mis le tag "aussitôt vu aussitôt oublié" à côté de celui sur les kleenex (excellente idée quoique j'ai plus soupiré que pleuré). D'accord avec toi pour la bonne idée de départ, d'accord aussi pour dire qu'en revanche ils se sont reposés dessus pour nous faire manger de force 80 années insipides et pas bien excitantes. Brad Pitt ne suffit pas, en ce qui me concerne il n'a jamais suffi. J'ai tout trouvé ronflant, et si je n'étais pas consciencieuse (8€ la place merci), je crois bien que j'aurais mêlé mes ronflements à ceux de ma soeur. Les qualités du réalisateur et de quelques belles séquences ne m'ont pas fait changé d'avis à la sortie de la salle.
The Triangle
  • Le jour, Madame Armande, Madame Colette et Madame Maude sont des femmes de cinéma. Elles regardent des films et viennent les encenser ou les houspiller ici. Ce qu'elles sont la nuit ? Ça, c'est une autre histoire.
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